Nous vivons chez eux....
On dit d'eux que ce sont des S.D.F, Sans Domicile Fixe. Ils sont environ 150 000 en France,
Qui sont-ils ? Nous vivons parmi eux, nous les croisons sans leur porter attention, sans doute tout comme nos voisins de palier, ou d'étage.
C'est une population mal connue, rejetée et souvent méprisée par les "gens normaux que nous sommes".
Nous compatissons, mais nous avons souvent des réactions hostiles envers eux.
Il y a quelques années, on les appelait "les clochards". Depuis, la stérilisation de notre société a essayé d'humaniser cette honte en les surnommant S.D.F.
Ils vivent au jour le jour et doivent faire face aux imprévus du quotidien.
Ils vivotent, ils ont apprivoisé la ville et les trottoirs.
Vous allez dire, encore un sujet sur la misère, cela se banalise, et c'est le danger.
J'en ai rencontré quelques-uns, leur parler est souvent difficile, ils rejettent notre société. Ils sontméfiants et ont complètement perdu les repères de notre vie réglée, gérée, aseptisée par notre quotidien.
Certaine prises de vue ont été un peu volées, je me sens impuissant àcombattre ce phénomène.
Quand on évoque la misère dans les villes, tout naturellement les sans-abri reviennent au premier plan.
Ils sont visibles dans les rues, stations de métro ou les gares, ils sesont appropriés ces lieux.
Ces photos sont le témoignage de la plus grand honte d'un pays civilisé, à la puissance nucléaire, et mettant sur orbite des satellites pour les futurs GPS....j'ai envie de pleurer....
Vous allez me dire, il y a des centres d'hébergement pour cette population, mais ils refusent d'être hébergés dans ces structures spécialisées. Ce refus est souvent motivé par un besoin de préserver sa personnalité et surtout sa dignité, en effet un S.D.F. reste quelqu'un de digne, dans la douleur de cette promiscuité.
Ils trouvent le réconfort dans l'alcool et la drogue, s'enfonçant un peu plus dans cette mort sociale, coupée du monde familial et de la citoyenneté.
L'alcool est présent dans leur vie, c'est une illusion pour les aider à surmonter les difficultés. Un corps alcoolisé ne perçoit pas les sensations du froid, l'alcool est un compagnon bien fidèle qui les mène doucement sur le chemin de la dépendance et dans l'impasse de la mort.
Ils dorment dans un lit en goudron et des draps en carton.
L'hiver est une période terrible pour ces hommes et femmes de la rue.
Alors que les aides et les actions se raréfient, les S.D.F meurent de froid, et continuent de décéder au printemps et en été dans l'indifférence la plus totale.
L'âge moyen de vie se situe auxalentours de 45 ans.
En moyenne, chaque jour un S.D.F s'éteint, ils sont environ 450 par ans à nous quitter.
Ils ont aussi des chiens comme compagnons, ce sont des fidèles amis pour eux, ils ne leur portent pas de jugement et ne les blâment pas, pas de reproche non plus, ils constituent un moyen de défense contre les agressions diverses, et c'est un moyen de lutter contre les arrestations, car souvent la police et gendarmerie ne sont pas équipés de chenils.
La plupart du temps,ils sacrifient leur maigre revenu pour les nourrir.
Notre ego se rassure en donnant quel euros aux associations, en se donnant bonne conscience mais que faire face à ce problème de société. Pouvons-nous seuls combattre, pourtant il faut se donner les moyens, même petit, il faut essayer.
Ces quelques photos apportent un témoignage pour ces femmes et ces hommes, pour qui j'ai une certaine admiration de leur combativité et ténacité de la vie.
Quand vous en croiserez un, j'espère que votre regard se posera différemment, un sourire, un mot peut être, un réconfort pour eux, pensez-y....
José Miro Del Valle