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Exposition 2015 Mairie du V Paris
Exposition 2012  Olympe de Gouges  Paris 11
Oradour-sur-Glane
Texte et photographies:  Jose Miro del Valle
Peliculle Pan F  Ilford tirage 20x30 paper baryté, contre collé passe partout 40x50
Scan des négatifs.
Photographies inédites.
Ouradour-sur- Glane, un nom qui semble resurgir d'outre tombe.
Un jour parmi tant d'autres, 10 juin 1944, un beau ciel bleu, prémices d'une  matinée ensoleillée,  les enfants en profitent pour jouer, ce sera une très belle journée...
 
En écrivant ces quelques lignes, je revoie  les photographies et les planches contact étalées sur la table. Une grande émotion et un étrange sentiment envahissent mon esprit.  Même après ces quelques années qui se sont écoulées depuis ce reportage, toujours autant  de tristesse.
 
Ma première visite sur ce lieu remonte à 2002. De retour de vacances, sur la voie rapide, un panneau  Oradour- sur-Glane :  clignotant, et me voilà sur le chemin de ce village.
Un parking semblable à tous les autres, l'entrée du mémorial, un bâtiment austère construit de matériaux bruts,  laisse la place aux images et aux textes historiques explicatifs.
 
A la sortie de cette pénombre, l'entrée du village, quelques  fleurs  et un puits : on se croirait dans un lieu paisible. Au détour d'un mur, une claque vient vous frapper en pleine figure. Je reste figé par la vue de ces maisons en ruines, les stigmates noirs sur les façades témoignent de la violence des évènements  tragiques qui se sont déroulés ici.
Ce qui me frappe,  une Peugeot 202 au milieu de cette place, un silence de mort, les visiteurs parlent à voix basse et moi-même reste muet, par peur de troubler ce silence.
 
La visite continua. Comme tout bon photographe, j'avais emporté avec moi mon appareil, certain de faire de superbes photos pour figer ces moments de souvenirs. Le boîtier resta sous le manteau, la saison d'automne marquant son empreinte, je me vis dans l'incapacité de photographier quoique ce soit , troublé, mal à l'aise, respectueux de cette endroit.
 
En 2007, un ami lyonnais dont nous partageons table et pellicules, me proposa d'aller visiter de nouveau ce village. Nous étions dans le Limousin, une occasion de passer une journée ensemble.
 
L'entrée fut aussi poignante que la première fois, la claque me frappa de nouveau, mais j'avais un sentiment différent . Je voulais que ce village soit le témoignage de la barbarie humaine. Alors,  avec beaucoup de pudeur, j'ai pris mon boîtier  autour du cou  et me voila arpentant les rues de cette bourgade, pour rapporter et crier au grand jour cette journée du 10 juin 1944 où la division SS Das Reich perpétra ce massacre.
 
Une chose m'interloqua. Dans presque toutes les maisons, il y avait une machine à coudre, la marque existe encore  de nos jours. Je pris des clichés de quelques machines, les moins marquées par le temps, qui lui aussi a laissé son empreinte.
Dans un garage : des dizaines de voitures, des tractions, et d'autres marques, la pompe à essence manuelle, avec son levier.
De nombreuses plaques commémoratives sont sur les maisons, expliquant ou dénombrant le nombre d'habitants qui périrent en ces lieux ici et là. 
 
A l'entrée de l'église, un amalgame de métal retient notre attention, une sculpture ! Non, pas tout à fait ça, une petite inscription nous rappelle que c'est la cloche de cette église fondue par la puissance de l'incendie.
Le confessionnal  est presque intact, c'est un vrai miracle. Il est en bois et  a été bien sûr restauré .
 
Tout au long de cette journée, j'ai  pris des photos. Le sentiment de culpabilité s'était estompé pour laisser place au reportage, dans un esprit discret et sans aucun voyeurisme.
 
Au bout du village, le cimentière des martyrs : à ce moment là,  je rangeais mon appareil dans le sac, je ne pouvais pas continuer, mon reportage venais de prendre fin. La visite se poursuivit dans un autre mémorial où beaucoup d'objets personnels des habitants sont regroupés, des montres à gousset, des poussettes calcinées,  des outils, tout cela exposé dans des vitrines avec des photographies des habitants, des portraits et des photos d'enfants.
 
A la sortie de ce mémorial, un grand silence fut observé. Nous ne nous sommes pas parlés, juste des regards se sont croisés, mais qui voulaient en dire long sur notre émotion.
 
Puis nous avons repris nos esprits et commenté ce que nous avions vu.
Aujourd'hui, quand nous nous retrouvons, nous parlons encore de cette journée, avec toujours cette même émotion et recueillement.
 
Pour ma part, cette visite m'a profondément marqué. J'y retournerais très certainement ,mais sans appareil cette fois,  juste pour la mémoire.
 
J'ai longtemps hésité à partager ces photos pour une exposition,  je le fais afin de crier tout fort,  PLUS JAMAIS CA.....
 


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