Les premières tentatives de photographie sous-marine datent de la fin du XIX ème siècle.
C’est Louis Boutan qui inventa les premiers caissons étanches et les techniques nécessaires pour réaliser des clichés sous l’eau. Il utilisa d’abord une grosse chambre photographique à laquelle il ajouta ensuite une lampe à arc.
st un biologiste français, né le 6 mars 1859 à Versailles et mort le 6 avril 1934 à Tigzirt.
Il fait des études de biologie et d’histoire naturelle à l’Université de Paris. Il participe avec la délégation française à l’exposition universelle de Melbourne de 1880. En 1884, il va étudier sur place pendant six étés la biologie marine au Laboratoire Arago de Banyuls-sur-Mer. En 1886, il apprend à plonger et obtient son doctorat ès-sciences à Paris avec une thèse intitulée Recherches sur l'anatomie et le développement de la fissurelle. Comparaison de la fissurelle avec les types voisins.
En 1892, Boutan décide de photographier la vie sous-marine. Il fait construire en 1893 avec son frère Auguste une boîte étanche pour un appareil de type Detektiv à 6 plaques de 9 cm x 12 cm, avec lequel il prend plusieurs clichés en pose entre 3,5 et 11 m de fond. Encouragé par ces premiers résultats il fait construire ensuite un gros appareil amphibie à plaques de 18 x 24 cm et muni d'un objectif plus lumineux avec lequel il prend des photos instantanées. Il compense parfois l'absorption de la lumière solaire en profondeur avec un flash où un fil de magnésium brûle dans de l'oxygène, réduisant le temps de pose à 5 secondes. Il prendra enfin une photo télécommandée à l'aide d'un électroaimant et de deux arcs électriques étanches, en instantané à 50 m de profondeur.
Il fait paraître, en 1900 chez Sleicher à Paris, La Photographie sous-marine et les progrès de la photographie. Il est alors nommé en Indochine et à son retour en 1906 donne des cours à la Faculté des Sciences de Bordeaux. En 1915, il développe avec son frère un appareil de plongée pour l'Armée. Il deviendra plus tard directeur du laboratoire de zoologie d'Arcachon, puis inspecteur des pêches à Tigzirt, fonction qu'il conserve jusqu'à sa retraite. En 1925, il préside la Société zoologique de France. Il nous a laissé des manuels pour étudiants, deux monographies et environ 200 communications scientifiques.
A partir de l'entre deux guerres, les techniques de la photographie sous-marine sont bien maîtrisées mais le matériel reste rare et coûteux.
Dans les années 1950 et 1960, Dimitri Rebikoff apporte des améliorations au matériel déjà existant tandis que ce type de photographie est popularisé en France par les premiers films du Commandant Cousteau.
Les ancêtres de l’appareil photo étanche actuel sont le Calypso Nikkor et les appareils Nikonos III à V. Le dernier de cette lignée, le Nikonos V, n’est plus commercialisé par Nikon depuis septembre 2001.
On résumera son histoire en rappelant ce cher Cousteau (encore et toujours lui...), sur son dragueur de mines retapé à neuf il y a 40 ans, et un ingénieur français né en Belgique, Jean de Wouters. Le "Calypso Phot" de 1961 était relativement basique dans sa conception, mais très compact et donnait de très belles images.
Faute de pouvoir exploiter la trouvaille au mieux de ses possiblités, et surtout faute d'artisans français capables de produire les "yeux" (pour dire optiques) que le Calypso semblait être capable d'accueillir, les dirigeants de La Spirotechnique (ceux à l'époque en charge de produire et commercialiser le bijou) décidèrent de céder le brevet à une entreprise japonaise en pleine croissance, la Nippon Kogaku K.K. (la Nikon Corporation d'aujourd'hui), qui s'intéressait de près à la technologie des appareils-photo sous-marins, et qui trouva probablement opportun de jeter un oeil à ce que la fleur des explorateurs de l'époque était capable de produire. Le brevet du Calypso fut donc vendu aux Japonais et le petit appareil devint le "Calypso/Nikkor" pour l'Europe, le "Nikonos II" pour les US et le Japon. Il grandit ensuite dans sa famille des "Nikonos", oubliant son poétique nom d'origine. On remarquera particulièrement le Nikonos III de 1975, très proche du Calypso mais enfin vraiment au point : le déplacement du film lors de l'armement était finalement maîtrisé (on voudra dire régulier) et il suffisait de le rincer à l'eau douce en cas de noyade pour qu'il fonctionne de nouveau une fois sec, dit on encore aujourd'hui.
Le Nikonos V, lancé en 1984, était très différent du Calypso et des premiers Nikonos. Il héritait de l'initiative des ingénieurs de Nikon de faire évoluer le concept de base (cocorico) en s'inspirant largement de ses produtions d'appareils terrestes de l'époque, des appareils (il faut le dire) déjà proches de la perfection. Le Nikonos IVa en a été l'ébauche, considéré comme imparfait par beaucoup, il apportait pourtant la mesure TTL de l'exposition et le chargement du film par le dos sans avoir l'impression de démonter tout l'appareil. On rappellera qu'il n'y avait jusqu'à présent pas une once d'électronique dans les Nikonos et que les photographes devaient avoir un bon "nez" pour déterminer les paramètres d'exposition. Il faut remarquer au passage que la photographie sous-marine reste toujours une affaire de passionnés qui savent déterminer (sous influence divine ?) le temps d'exposition, l'ouverture et la puissance des flashes à partir de simples estimations pifométriques. Nous y reviendrons au chapitre de la photographie "moderne" en caisson étanche.
Le Nikonos V était donc un appareil-photo moderne, simplement déguisé en jouet avec son enrobage de caoutchouc orange ou vert armée. Mais il restait une chose qu'aucun de ces appareils attachants et passionnels ne pouvait offrir : la sacro sainte la visée réflexe.
Nikon s'y est bien attelé au reflex sous-marin. Après le Nikonos V, nos amis nippons osèrent le Nikonos RS en 1992 : un appareil ultramoderne et au demeurant compact, avec un champ de visée si large qu'on pouvait le manipuler et cadrer ses photos loin, très loin du masque. Il fut malheureusement abandonné quatre ans plus tard, probablement à cause de son prix de revient prohibitif, pour sa grande sensibilité à la noyade peut-être, au grand regret de beaucoup de photographes de l'époque, c'est certain.
Restait seul le Nikonos V depuis 1996, représentant l'unique lignée d'appareils étanches par construction à caractère professionnel. Il restait (et reste encore) Sea&Sea et son excellent MotorMarine II pour nourrir le marché de l'appareil photo sous-marin d'amateur averti. Mais il n'égale pas la perfection optique du Nikonos, dont on soulignera l'objectif ultra grand-angle de 15, un objet rare et convoité.
Mais le Nikonos est loin d'être mort et sa robustesse lui permettra d'exister tant qu'il y aura du film argentique et des coraux flamboyants sur cette terre. Il faut cependant avouer qu'il avait pris un peu de recul depuis quelques années. Nikon ne décide pas d'abandonner un marché sur lequel ils ont été les seuls réels représentants sans justifications commerciales, la photographie sous-marine serait-elle un luxe aussi pour ses fabricants pour qu'ils décident de lâcher l'affaire si facilement ?
La clé du mystère (et de la chute des ventes du Nikons V) est simple et réside dans la vulgarisation d'une autre tecnique d'immersion de matériel photographique. Le caisson étanche emmène allègrement des milliers de reflex terrestres sous l'eau de nos jours. Ce que Nikon proposait à prix d'or avec son RS est disponible aujourd'hui trois fois moins cher sous la forme d'un reflex 24x36 de moyenne gamme dans un caisson Sea&Sea tout blanc très chic. C'est ici que nos amis japonais se retrouvent&: en fait la norme du matériel sous marin en caisson est... Nikon. Les Suisses (HuggyPhot), les Autrichiens (Subal & Sea Cam), les Japonais (Sea&Sea & Nexus) et les Américains (Ikelite) ont de plus en plus d'artisans produisant des caissons de plus en plus légers, compacts, dédiés en grande majorité aux boitiers Nikon les plus sérieux.
Mais le caisson garde un sérieux handicap, celui de son prix : trois fois celui d'un Nikonos V avec son 35 mm de base. Son encombrement est aussi en sa défaveur : un caisson et ses deux gros flashes peuvent peser jusqu'à 12 kg sur terre. Un Nikonos reste lui tout petit, il peut rentrer dans une poche de stab, on le porte en bandoulière comme un compact en plastique devant la Tour de Pise.
D'un point de vue professionnel, le Calypso et tous ses descendants Nikonos, avaient un atout qui les rendaient supérieurs à n'importe quel caisson : la qualité des images obtenues. Sans entrer dans un cours d'optique, on rappellera que la lentille frontale d'un objectif de Nikonos est au contact direct de l'eau tandis que l'objectif enbarqué en caisson doit traverser un hublot transparent le protégeant précisément de cette eau. La couche d'air entre l'objectif et le hublot, ainsi que les parois du hublot elles mêmes sont des sources d'aberrations optiques dont les objectifs Nikonos se passent très bien.
Le Nikonos n'étant pas reflexe, il est malaisé d'utilisation pour cadrer les sujets macro sans l'affubler d'horribles piges de cadrage meurtrières. Beaucoup de photographes sérieux se sont d'ailleurs refusés à leur utilisation par simple respect de l'environnement. Le domaine de la photo macro avertie est aujourd'hui assuré par les objectifs macro 60 et 105 mm en caisson étanche. Le Nikonos reste, et restera le roi incontesté pour la photo sous-marine au grand-angle, avec toujours ce précieux "fisheye" de 15 mm que nous avons évoqué.
C'est officiel, Nikon a annoncé en septembre 2001 l'abandon de son dernier boitier sous-marin (lire le communiqué). Le Nikonos V, dernier représentant de sa lignée, ne sera plus fabriqué, même si les objectifs et accessoires compatibles resteront en production au moins jusqu'à fin 2002. L'approvisionnement en pièces ainsi que les réparations resteront sans aucun doute disponibles pendant longtemps, mais il est certain qu'il n'existera pas d'héritiers aux Calypso et autres Nikonos RS.